Donald Trump a violemment ciblé Rosie O’Donnell sur Truth Social, brandissant des menaces dépourvues de tout fondement légal.
Une vieille rancune qui refuse de s’éteindre
Vingt ans de piques, de tweets incendiaires, de punchlines improvisées. Entre Donald Trump et Rosie O’Donnell, la relation ressemble moins à un différend public qu’à un feuilleton qui refuse de finir. Et comme dans toute bonne série, l’intrigue vient de connaître un nouveau rebondissement. Cette fois, l’ancien président a sorti une menace qu’on n’avait pas encore entendue : lui retirer sa citoyenneté américaine.
Un post sur Truth Social, daté du 12 juillet, a allumé la mèche. Trump accuse l’actrice de ne pas servir « l’intérêt supérieur » du pays. Il va plus loin : il l’imagine « restant en Irlande », son nouveau lieu de vie depuis janvier, si ce pays veut bien la garder. Tout y est : le ton tranchant, la référence personnelle, le clin d’œil provocateur à ses déplacements. Rosie, elle, ne s’est pas laissé faire. Elle a répondu avec un mélange d’ironie et de colère, image à l’appui : une photo de Trump en compagnie de Jeffrey Epstein, le financier tombé en disgrâce. Dans le texte qui accompagne l’image, elle se décrit comme « tout ce que tu crains », une femme bruyante, queer, mère, et Américaine partie avant que, selon elle, il ne mette le feu au pays.
Des mots qui claquent, des positions assumées
Rosie n’est pas du genre à arrondir les angles. Depuis son arrivée en Irlande, elle bombarde les réseaux sociaux de critiques contre l’administration Trump. Elle dénonce la nouvelle loi budgétaire, fustige la gestion des inondations meurtrières au Texas, et plus largement, accuse le gouvernement de manquer de courage face aux crises. Ces coups portés en ligne ne sont pas nouveaux, mais ils semblent piquer davantage depuis que Trump a retrouvé le Bureau ovale.
La tension est palpable, au point de franchir l’écran. Rosie joue franc jeu. Elle s’adresse directement au président, l’interpelle sans détour, et nourrit ainsi une image d’artiste qui ne recule pas. Ses messages ne cherchent pas à ménager. Ils visent juste. Et le public, qu’il l’adore ou la déteste, sait qu’avec elle, il n’y aura pas de filtre. Ce style direct, parfois abrasif, alimente la saga avec Trump et entretient un public fidèle qui suit chaque échange comme on suivrait un match serré.
Mais derrière ces passes d’armes, il y a aussi une réalité : un affrontement qui dépasse les deux personnalités. Il incarne un choc de visions du monde. D’un côté, un président qui revendique une autorité ferme, au risque de frôler les limites constitutionnelles. De l’autre, une artiste qui brandit sa liberté d’expression comme une arme et refuse de se taire.
Les limites du pouvoir présidentiel face à Rosie O’Donnell
Menacer de retirer la nationalité américaine n’est pas un geste banal. Et sur ce point, Trump semble marcher sur une ligne légalement très mince. Le droit américain est clair : un citoyen de naissance ou naturalisé ne peut perdre sa nationalité que s’il y renonce volontairement. C’est écrit noir sur blanc sur le site du département d’État. La Cour suprême, en 1967, a confirmé ce principe via le 14ᵉ amendement. En résumé : le gouvernement ne choisit pas qui fait partie du peuple. C’est ce dernier qui choisit son gouvernement.
Amanda Frost, professeure de droit en Virginie, le dit sans détour : « Le président n’a pas le pouvoir de retirer la citoyenneté à un citoyen américain de naissance. » Ses mots coupent court à toute ambiguïté. Cette position juridique ferme rend la menace de Trump plus symbolique que réalisable. Un coup politique, un message destiné à marquer les esprits plutôt qu’à être exécuté.
Cela n’enlève rien à l’intensité du duel. Trump sait que ses mots trouvent un écho chez ses partisans. Rosie sait que ses répliques se propagent comme une traînée de poudre. Chacun utilise les réseaux comme une arène publique où l’on marque des points, non pas en changeant la loi, mais en influençant l’opinion. Et après deux décennies de passes d’armes, on peut parier que cette confrontation ne s’arrêtera pas là. Car quand Rosie O’Donnell et Donald Trump se croisent, même à distance, ce n’est jamais pour échanger des banalités.