Canicule : « C’est une fournaise », des vacances plus éprouvantes que reposantes sous les tentes pour les campeurs

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Le mot « vacances » sent bon le farniente, la détente, la fraîcheur d’un rosé sous les pins. Mais cette année, en Gironde, la réalité cogne plus fort que le soleil. Les températures flirtent à nouveau avec les 40 degrés, et les visages ne mentent pas. Au camping du Pays de l’Eyre, à Salles, les rires sont un peu plus courts, les siestes moins réparatrices. Les campeurs en souffrance cet été n’ont pas signé pour ça, mais ils encaissent.

Vacances sous tension

C’est le corps qui parle en premier. Il sue, il gonfle, il ralentit. Les enfants sont collants, les nuits deviennent moites, les petits-déjeuners s’allongent à l’ombre des tonnelles bâchées. La canicule ne pardonne pas. Elle ne laisse aucun répit, surtout quand on dort sous une toile de tente ou dans une caravane transformée en four solaire. Certains tentent de noyer la chaleur dans la piscine du camping, d’autres s’enferment dans leur voiture climatisée juste pour respirer un peu.

Les vacanciers cherchent des astuces, bricolent des systèmes D avec des serviettes mouillées, se ruent sur les brumisateurs comme des trésors. Le personnel du camping s’adapte. Ils posent des seaux d’eau à l’entrée des sanitaires, proposent des tranches de pastèque, parlent doucement. On entend moins les cris d’enfants. Plus de soupirs que de chants. Les campeurs en souffrance cet été apprennent, bon gré mal gré, à composer avec la brutalité du climat.

Campeurs en souffrance cet été : la chaleur s’invite dans chaque geste

Il n’y a plus de matinée fraîche. À huit heures déjà, le bitume brûle les semelles et l’air colle à la peau. Certains évitent de bouger. Tout devient stratégie. Quand sortir ? Où poser sa chaise longue pour qu’elle reste à l’ombre le plus longtemps possible ? Comment garder la glacière assez froide pour les tomates du déjeuner ? La routine du camping se transforme en jeu de survie molle.

À la réception, les demandes se répètent. Y a-t-il des emplacements mieux ventilés ? Des zones avec plus d’arbres ? Une chambre climatisée, même pour une nuit ? Les réponses sont souvent les mêmes : complet, désolé, on fait ce qu’on peut. Et le personnel fait vraiment ce qu’il peut. Une bouteille d’eau glacée tendue à un ado en sueur, un mot gentil à une famille exténuée, un parasol déplacé.

Ceux qui sont arrivés en tente regrettent un peu. Ceux qui ont loué un mobil-home souffrent tout autant. Les campeurs en souffrance cet été ne sont pas tous logés à la même enseigne, mais presque. Même les moustiques semblent avoir ralenti. On ne les entend plus. Ils fondent au ralenti, comme tout le monde. Le silence pèse. Pas de parties de volley à midi, plus de cris joyeux autour des barbecues. L’ambiance s’est étirée, comme figée dans la chaleur.

Vacances sous un autre ton

À l’origine, c’était censé être une pause, une parenthèse joyeuse, un peu d’évasion. Mais les campeurs en souffrance cet été ont dû revoir leur copie. Certains gardent le sourire, jouent la carte du « ça fera des souvenirs ». D’autres craquent, un peu, à voix basse, en rentrant des douches brûlantes. Ce n’est pas qu’ils se plaignent sans raison. C’est juste que personne ne s’attendait à ça. Une semaine, deux semaines, avec ce soleil violent, cette absence de vent, cette lumière crue.

On croise des pères de famille fatigués qui tournent en rond, des mères qui cherchent l’ombre pour les petits, des ados connectés à rien sauf à la chaleur. Même les activités du camping se raréfient. L’animateur a annulé la zumba. La pétanque se joue le soir, quand le bitume cesse de fumer. Les crèmes solaires ne suffisent plus, et les casquettes ne protègent que les illusions.

Et pourtant, il y a quelque chose d’attachant dans cette épreuve collective. Une forme de solidarité silencieuse. Un regard échangé entre deux campeurs, un petit sourire résigné quand un brumisateur passe de main en main. Les campeurs en souffrance cet été partagent plus que des mètres carrés de pelouse. Ils apprennent à tenir ensemble. À s’adapter. À ralentir.

Alors oui, c’est rude. Oui, on rêve d’un orage. D’un souffle venu de l’Atlantique. Mais en attendant, on tient. On s’accroche. Et on se dit, peut-être un peu trop fort, que ce soir, il fera plus frais.

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