Les klaxons résonnent, les marteaux-piqueurs creusent, les voitures s’entassent. Dans ce vacarme de chantier, une autre voix tente de se faire entendre. Celle des cyclistes. Ils refusent de passer une fois de plus au second plan, sur une avenue flambant neuve où aucune place ne leur est réservée. La protestation des cyclistes dans les Yvelines s’installe, portée par un sentiment d’injustice tenace. Parce qu’à Mantes-la-Ville, sur la future avenue Jean-Jaurès, le vélo n’aura pas droit de cité.
Une protestation des cyclistes dans les Yvelines qui prend de l’ampleur
Le collectif vélo du Mantois ne lâche pas. Ses membres pédalent, écrivent, interpellent. À leurs yeux, la rénovation de la RD 65 représentait une occasion rêvée pour repenser les déplacements. Les engins de chantier sont là, le budget colossal est validé, tout est possible. Pourtant, rien n’a été prévu pour les vélos. Pas de piste, pas de marquage spécifique. Un choix vécu comme une gifle par ceux qui circulent à deux roues au quotidien.
Pierre Berhin, figure locale, exprime sa déception sans détour. Il vit dans cette ville depuis trente ans, et il pensait que le moment était venu d’aligner la réalité avec les discours officiels sur les mobilités douces. Lui et les autres militants réclamaient deux bandes cyclables sécurisées, des « chaucidous », des sas aux feux. Rien n’a été retenu.
Cette protestation des cyclistes dans les Yvelines traduit un malaise plus large. Beaucoup se demandent quelle place on réserve vraiment aux vélos, au-delà des slogans. Dans une commune traversée par le futur RER, on aurait pu rêver d’une interconnexion fluide entre train et vélo. À la place, on aura une avenue toute neuve, mais pensée presque exclusivement pour l’automobile.
Quand les élus parlent, les cyclistes doutent
Le département assume. Le projet est ancien, il a déjà échoué deux fois, et cette fois, il fallait avancer. Voilà l’argument. Le conseiller municipal en charge du domaine public reconnaît lui-même être cycliste, mais dit se heurter à la réalité. Trop étroit, pas assez d’espace, pas le bon moment. Des explications qui sonnent comme des excuses aux oreilles des intéressés.
Face à cela, la protestation des cyclistes dans les Yvelines ne faiblit pas. Pablo Bernard, autre animateur du collectif, rappelle que des dizaines de villes françaises ont trouvé des solutions dans des contextes similaires. Pourquoi pas ici ? Pourquoi pas maintenant ? Les militants évoquent un rendez-vous manqué, une rénovation qui fige une vision datée de la route.
Les autorités répondent par des compromis périphériques. Des remontées cyclables marquées au sol dans d’autres rues, limitées à 30 km/h. On parle de Valognes, du Colonel Moll, des Deux-Gares. Un maillage partiel, loin du flux principal. Pour beaucoup, c’est un pis-aller. Comme si l’on tolérait les cyclistes, sans jamais vraiment les intégrer.
La méfiance grandit. Les réunions publiques sont jugées trop fermées, la concertation trop faible. Berhin raconte qu’ils n’ont même pas été conviés à la présentation officielle de janvier 2025. « Nous aurions eu des choses à dire », souffle-t-il. Mais la porte était fermée. D’où cette impression d’un projet imposé d’en haut, sans écoute réelle.
Un combat qui dépasse une avenue
À force de débats, la protestation des cyclistes dans les Yvelines est devenue plus qu’une querelle locale. Elle incarne le tiraillement entre deux visions de la ville. D’un côté, la route traditionnelle, large et dédiée à la voiture. De l’autre, un appel à réinventer les usages, à partager l’espace public autrement. Cette tension traverse la France entière, mais elle s’incarne ici, sur 1,2 kilomètre de bitume flambant neuf.
Le collectif, lui, ne se résigne pas. Il continue de militer, de documenter, d’interpeller les élus. Il s’appuie sur des exemples, montre des photos, propose des solutions concrètes. Pas de discours idéologiques, juste une volonté de rouler en sécurité. Leur amertume se résume dans une phrase lancée par Berhin : « On ne refait pas une avenue tous les cinq ans. » Et il a raison. Une fois le béton coulé, il sera trop tard.
Ce combat raconte aussi une histoire de générations. Les jeunes, plus nombreux à utiliser le vélo, observent attentivement. Ils voient une avenue qui pourrait être un symbole de modernité, mais qui s’accroche au modèle ancien. Ils se demandent quel message cela envoie. Est-ce que la voiture reste intouchable ? Est-ce que les cyclistes doivent toujours s’adapter, contourner, s’effacer ?
En filigrane, la protestation des cyclistes dans les Yvelines interroge la manière dont on imagine nos villes. Sont-elles faites pour favoriser la mobilité douce, l’écologie, le partage ? Où sont-elles pensées pour préserver avant tout la fluidité des moteurs ?
La poussière du chantier finira par retomber, l’avenue sera inaugurée, les discours officiels salueront la modernisation. Les cyclistes, eux, continueront de rouler, souvent à leurs risques et périls, sur une voie qui aurait pu être différente.