Je ne peux plus louer ma passoire thermique mais le locataire refuse de partir « il m’a dit qu’il attendrait un logement social et que je pouvais patienter »

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Face à l’interdiction de la location d’une passoire thermique, un propriétaire se heurte au refus inattendu d’un locataire décidé à rester.

Il y a des lois qui changent le paysage du logement, et pas seulement sur le papier. L’interdiction de la location d’une passoire thermique en fait partie. Sur le terrain, elle bouleverse des vies, parfois de manière inattendue.

L’interdiction de la location d’une passoire thermique

Depuis janvier 2023, louer un logement classé F ou G, c’est fini. Ce n’est pas une recommandation, mais une règle gravée dans la loi Climat et résilience. Officiellement, l’idée est simple : réduire les émissions, améliorer le confort, pousser les propriétaires à rénover. Mais pour certains, cette interdiction de la location d’une passoire thermique est devenue un casse-tête bien réel.

À Lyon, Mme Durand en sait quelque chose. Elle possède un appartement classé G. Elle a prévenu son locataire, M. Léon, qu’il devait partir pour permettre les travaux. Il a répondu qu’il resterait jusqu’à obtenir un logement social. Pas d’animosité dans ses mots, juste la certitude qu’il ne pouvait pas partir autrement. Depuis, les murs restent les mêmes, le froid continue de s’infiltrer, et les plans de rénovation s’empilent sur un coin de bureau. Le problème ne se limite pas à une adresse. Partout, propriétaires et locataires se retrouvent dans cette zone grise où la loi pousse à agir, mais où la réalité, elle, freine tout.

Entre obligations et impossibilités

Mme Durand n’a rien d’une spéculatrice. Elle veut simplement remettre son bien aux normes, pour respecter les règles et offrir un logement correct. Mais impossible d’avancer tant que l’appartement est occupé. L’interdiction de la location d’une passoire thermique lui impose de réagir, et pourtant, tout est bloqué.

Côté locataires, la situation n’est pas plus simple. Trouver un logement social à Lyon, c’est un marathon. L’offre est saturée, la liste d’attente interminable. M. Léon n’a pas d’autre solution immédiate, alors il reste. Et chaque mois qui passe creuse un peu plus le fossé entre la loi et la vie réelle.

Les solutions ? Elles existent, mais aucune n’est rapide. Lancer une procédure judiciaire prend des mois, parfois des années. Aider à trouver un nouveau logement ? Louable, mais souvent inefficace face à la pénurie. Attendre que les autorités proposent un relogement ? C’est miser sur un calendrier qu’on ne maîtrise pas. Pendant ce temps, les propriétaires ne touchent pas de loyer réglementaire et ne peuvent pas lancer les travaux.

Un défi plus large que prévu

Ce cas illustre bien une vérité que peu osent dire : l’interdiction de la location d’une passoire thermique est nécessaire sur le plan écologique, mais elle s’accompagne de conséquences sociales parfois rudes. Les intentions sont claires : protéger l’environnement, améliorer le confort des logements, moderniser le parc immobilier. Mais sur le terrain, l’application se heurte aux délais administratifs, au manque de logements accessibles, et aux contraintes financières des propriétaires.

Certains experts plaident pour un soutien renforcé : subventions plus généreuses, procédures de relogement accélérées, accompagnement administratif. Sans ces leviers, le risque est de transformer une bonne idée en source de tensions. Les propriétaires qui veulent jouer le jeu se retrouvent coincés. Les locataires, eux, craignent de se retrouver à la rue. Et chacun campe sur sa position, faute de solution rapide.

Reste que cette loi marque un tournant. La transition énergétique dans le logement est lancée, et il sera difficile de revenir en arrière. Mais pour qu’elle réussisse, il faudra trouver l’équilibre entre urgence climatique et réalité sociale. Parce que derrière chaque logement classé F ou G, il y a des vies en suspens, des projets figés et, parfois, une incompréhension mutuelle qui ne demande qu’à être levée.

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