Quand Tahar Rahim est monté les marches à Cannes le mois dernier, les regards se sont figés. Pas pour sa tenue, ni pour un effet de style. Son visage, ses joues creusées, son corps amaigri racontaient déjà une histoire. Celle d’un homme qui s’est absenté de lui-même pour mieux incarner un autre. Une transformation physique de Tahar Rahim pour le film Alpha qui dépasse la simple préparation d’acteur. On parle ici d’un effacement volontaire, méthodique, radical.
Dans Alpha, il interprète un toxicomane rongé par un virus. Pour être crédible, il a perdu vingt kilos en quatre mois. Pas une perte accidentelle. Une descente contrôlée, surveillée par trois médecins. Chaque bouchée comptait. Chaque calorie pesée. Il ne mangeait plus vraiment, il dosait. Jusqu’à ne plus avoir faim. Jusqu’à ne plus ressentir le goût. « Tout s’en va », dit-il. Il ne le dit pas avec souffrance, mais avec une forme de calme. Comme si cette privation extrême lui avait permis d’ouvrir une autre porte. Celle où le jeu commence pour de bon.
Transformation physique de Tahar Rahim pour le film Alpha : se déshabiller pour se reconstruire
Ce n’est pas la première fois qu’il se pousse aussi loin. Il l’avait déjà fait pour Désignés coupables, où il jouait un détenu de Guantanamo. Moins de dix kilos à l’époque. Et puis pour Le Serpent, dans la peau d’un tueur manipulateur. À chaque rôle, il explore un terrain inconfortable. Et il y va à fond. Il dit qu’il a peur de s’ennuyer. De tomber dans l’automatisme. Ce qu’il cherche, c’est ce vertige qu’on ressent quand on marche sans savoir où on va.
Mais cette fois, le corps a vraiment payé. La transformation physique de Tahar Rahim pour le film Alpha a été la plus rude. Il en parle comme d’un tunnel. Au début, il faut se motiver chaque heure. Puis quelque chose se fige. Le corps cède, la tête prend le relais. Une autre énergie se met en place. L’acteur commence à sentir son personnage, non pas dans le jeu, mais dans les nerfs. Dans les gestes. Dans la lenteur de ses mouvements.
La réalisatrice, Julia Ducournau, a vu la mue s’opérer sous ses yeux. « Il ne me regardait plus de manière précise », dit-elle. Sa posture se voûtait. Sa tête tombait. Il s’effaçait. Littéralement. Et c’est là que le rôle s’est imposé, comme une seconde peau.
L’art du glissement : corps, voix, silence
Il n’a pas seulement changé physiquement. Et il a rencontré des toxicomanes. Il a observé, écouté, absorbé et il ne voulait pas imiter. Il voulait comprendre. Entrer dans cette fatigue intérieure, dans ce flou constant. Et c’est ce qu’on sent dans cette transformation physique de Tahar Rahim pour le film Alpha. Ce n’est pas un exercice de style. C’est une descente volontaire dans l’épaisseur d’une vie brisée.
Et ce n’est pas nouveau. Il l’a fait encore récemment pour Monsieur Aznavour. Là, c’était une autre épreuve : la voix, le chant, le piano, les pas. Pas question de survoler. Il a répété pendant six mois, tous les jours, pour s’approcher au plus près de la vérité. Le résultat ? Une imitation vocale bluffante. Même les plus sceptiques ont été déstabilisés. C’est sans doute ce rôle-là, dit-il, qui lui a demandé le plus. Pas pour maigrir, mais pour trouver ce grain si particulier, ce timbre qui vibrait dans la gorge d’un autre.
Il fonctionne comme ça, il ne peut pas jouer « à côté ». Il doit entrer, ressentir, parfois même au détriment de son propre confort. La transformation physique de Tahar Rahim pour le film Alpha en est l’illustration la plus brute. Il ne cherche pas la performance. Il cherche le point de rupture. Là où l’acteur s’efface, où il ne reste que le personnage.
Cette obsession du détail, ce goût du vertige, c’est aussi ce qui rend ses choix si imprévisibles. Il ne suit pas une ligne, il saute d’un univers à l’autre. Il creuse, il tente, il se perd parfois. Mais il y revient toujours avec quelque chose. Une voix modifiée. Une posture déformée. Un regard qui ne triche plus.