Les pépites de nos villages du Sud-Gironde : Pondaurat, pèlerinage et légendes à travers les siècles

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Il y a des endroits qu’on traverse sans s’arrêter, parce qu’ils n’affichent pas de panneaux géants ou de boutiques tape-à-l’œil. Pondaurat, c’est de ceux-là. Un village à la pierre blonde, niché entre des champs, quelque part au sud de La Réole. À première vue, pas de quoi faire un détour. Et pourtant. Derrière ses murs modestes, il cache une richesse qui n’a rien à envier aux destinations estampillées patrimoine mondial. Le genre de lieu qui ne fait pas de bruit, mais qui imprime quelque chose. Un éclat tranquille. Une mémoire vivante. Un bout du patrimoine de la Gironde qu’on n’a pas vu venir.

Alain Haneuse, lui, connaît chaque recoin. Il est président des Amis de la commanderie Saint-Antoine, mais c’est surtout un gosse du coin qui n’a jamais cessé d’être curieux. Il raconte l’histoire des pierres comme d’autres parlent de leur enfance. On le suit, et il s’arrête net devant une vieille niche creusée dans la paroi de l’église. Pas pour faire genre. Juste parce qu’un visiteur lui a appris un truc nouveau, hier. C’est ça, Pondaurat : un lieu qui continue de surprendre, même ceux qui le connaissent par cœur.

Patrimoine de la Gironde : un passé qui s’accroche aux murs

L’église Saint-Antoine ne paye pas de mine de l’extérieur. Mais dès qu’on pousse la porte, tout change. À l’époque, ce n’était qu’une chapelle. Petite, simple, tournée vers les malades plus que vers le faste. Les Antonins y accueillaient ceux que rongeait l’ergotisme, ce « mal des ardents » provoqué par un champignon planqué dans le seigle. Le pain noir rendait fou, brûlait les membres de l’intérieur, laissait les gens hagards, mutilés. Et ici, dans ce bout de campagne, on essayait de les soigner.

Pas avec des potions magiques, mais avec du bon sens. Une nourriture plus saine, des cochons, des poissons, du pain blanc. Et puis ce vin mélangé aux herbes, le Saint Vinage, que les moines préparaient dans un jardin de plantes médicinales. La commanderie du XIIIe siècle, collée à l’église, servait de centre médical avant l’heure. On y dormait, on y guérissait, on y priait. Quelques chambres étaient même réservées aux seigneurs mal en point, parce que la maladie ne regardait ni le rang ni les titres.

Aujourd’hui encore, on devine ces gestes anciens. À travers un guichet, on imagine les Antonins tendant leurs remèdes aux pèlerins de passage. Les pierres parlent doucement, mais elles parlent. Et c’est ce qui fait toute la force de ce patrimoine de la Gironde : il ne s’expose pas comme dans un musée, il s’infuse dans le silence.

Une rivière, un pont, et tout un monde

En contrebas, la Bassanne serpente sans hâte. Et pour la traverser, un pont, lui aussi chargé d’histoire. Le fameux « pont doré », appelé ainsi pour la teinte chaude de ses pierres, qu’on dirait baignées de lumière même les jours de grisaille. Un petit pont-barrage, solide, posé entre un moulin et un monastère. Il ne paie pas de mine à première vue, mais c’est un fragment essentiel du décor. Et selon certains, c’est ce pont qui aurait donné son nom au village.

Au Moyen Âge, tout tournait autour de ce lieu. La commanderie fortifiée faisait battre le cœur du village. On y trouvait une trentaine de métiers différents, du meunier au forgeron, en passant par l’apothicaire. Il y avait du passage, du travail, de la vie. Le patrimoine de la Gironde, ici, n’a rien d’immobile ou de figé. Il vibre encore dans la manière dont les habitants en parlent. Pas avec nostalgie, mais avec fierté.

Alain, lui, continue de marcher, de montrer, de raconter. Il n’a pas besoin de faire long. Un geste, une anecdote, une question lancée au vent. On sent qu’il ne se lassera jamais. Parce que ce lieu n’a pas fini de livrer ses secrets. Parce qu’il y a toujours une niche qu’on n’avait pas vue. Une pierre un peu plus creusée que les autres. Un silence plus dense que prévu.

Le patrimoine de la Gironde, c’est ça aussi. Pas seulement Bordeaux ou Saint-Émilion. Pas juste les châteaux, les abbayes sur catalogue. Mais aussi ces petits coins cachés, ces villages à taille humaine où l’Histoire tient encore debout, sans mise en scène. Pondaurat fait partie de ces endroits qui vous murmurent à l’oreille. Et si on sait écouter, on n’en ressort pas tout à fait pareil.

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