Les herbes grillent, les ruisseaux dorment, et les arrosoirs prennent la poussière. La sécheresse en Gironde s’installe, et ce n’est plus seulement une histoire de chaleur. Depuis juillet, la pluie joue à cache-cache, laissant les sols se fendiller et les nappes plier sous le poids d’un été sec comme du pain rassis. Le préfet, face à l’urgence, a sorti l’artillerie réglementaire. Objectif : freiner la saignée. C’est officiel, la Gironde vit sous régime restreint. Chaque goutte compte. Et ceux qui espéraient arroser tomates, pelouses ou vernir leur voiture au jet d’eau vont devoir revoir leurs priorités.
Bassins à sec : la carte rouge de la sécheresse en Gironde
Les chiffres parlent. Moins 40 % de pluie en juillet, à peine trois millimètres sur la première quinzaine d’août. Même les vieux puits commencent à grincer. La préfecture, loin de rester les bras croisés, a découpé la Gironde en zones de gestion, avec des niveaux d’alerte gradués. Trois couleurs, trois degrés de tension, mais un seul constat : la sécheresse en Gironde ne fait pas semblant.
Les bassins versants du Lisos, de la Virvée-Moron et de la Barbanne-Lavié Palais sont classés en crise. Là, c’est l’interdiction pure et simple. Pas d’arrosage, même pour les potagers en serre. Pelouses, espaces verts, stades, tout est au repos forcé. Les piscines ? Fermées à double tour. Les voitures ? Elles resteront sales, au moins un temps. Quant aux agriculteurs, ils doivent suspendre tous les prélèvements. Zéro compromis. L’eau devient un bien à protéger, pas un confort de week-end.
Sur les autres bassins, la pression reste forte. Ceux de la Gravouse, la Bassanne ou la Jalle de Ludon passent en alerte renforcée. Ici, le robinet reste ouvert… par à-coups. Pas question d’arroser en pleine journée. Et les agriculteurs voient leurs jours de pompage se réduire à vue d’œil : 3,5 jours par semaine, pas plus. Même les particuliers doivent suivre : pas de lavage de voiture, ni de remplissage de piscine sauf chantier déjà lancé. C’est la règle.
Une météo sèche, des esprits échauffés
Il ne suffit pas d’un arrêté pour faire tomber la pluie. La sécheresse en Gironde se glisse partout, du jardin des particuliers jusqu’aux exploitations agricoles. Et si la réglementation est claire, la frustration, elle, monte en flèche. « On n’a plus d’herbe. Les bêtes broutent de la poussière », lâche un éleveur du secteur de Blaye. Les producteurs de légumes doivent choisir quelles parcelles sauver. Chez les particuliers, les hortensias jaunissent et les gazons crament, mais les plus inquiets sont ceux qui vivent près des petits cours d’eau. Beaucoup ont cessé de couler.
Le reste du territoire n’est pas épargné. La zone dite « en alerte » qui comprend l’Isle aval, la Pimpinne ou la Livenne voit ses règles durcies, mais légèrement assouplies par rapport aux zones rouges. L’arrosage est toléré en dehors des heures chaudes. Les prélèvements agricoles ne sont interdits que deux jours par semaine. Mais ces petites ouvertures ne suffisent plus à compenser la fatigue accumulée. Le manque d’eau, dans les campagnes girondines, se vit comme un étranglement progressif.
Sur le terrain, les contrôles s’intensifient. Des agents sillonnent les communes, vérifient les pompages, relèvent les compteurs. Certains contrevenants ont déjà écopé d’amendes. La sécheresse en Gironde ne laisse plus de place au relâchement. Même les plus réticents à suivre les consignes commencent à comprendre que la situation dépasse les habitudes d’un été un peu sec.
Vers un automne incertain, la Gironde serre les dents
Personne ne sait combien de temps tout ça va durer. Pas de pluie annoncée dans l’immédiat. Et une canicule qui s’accroche au thermomètre comme une moule à son rocher. Le département pourrait rester sous tension jusqu’à la mi-septembre, voire au-delà. Si la situation ne s’améliore pas, d’autres restrictions pourraient suivre, encore plus contraignantes. La sécheresse en Gironde entre dans une phase où chaque décision pèse lourd.
Les élus s’inquiètent. Certains demandent des aides d’urgence pour les agriculteurs. D’autres plaident pour des aménagements durables : réservoirs d’eau pluviale, recyclage des eaux grises, modernisation des réseaux. Mais ces projets prennent du temps. Trop, sans doute, au regard de la rapidité avec laquelle le climat semble changer. En attendant, la Gironde apprend à vivre autrement. Moins de confort. Plus d’attention. Et, chez beaucoup, un réveil brutal face à une ressource qu’on croyait acquise.