Une vitesse limite de 150 km sur autoroute et un macaron S obligatoire pour les séniors en 2025, c’est quoi ce scandale ?

Publié le

Un autocollant, une lettre, et tout s’enflamme. Depuis quelques semaines, un simple macaron S pour les seniors affole les réseaux, titille les esprits, et fait jaser jusqu’aux ronds-points de province. On entend tout et n’importe quoi : obligation, discrimination, sécurité, stigmatisation. Certains y voient une bonne idée, d’autres une attaque déguisée. Et pendant que la France débat à voix haute ou marmonne derrière son volant, personne ne semble vraiment savoir ce qu’il en est.

Macaron S pour les seniors : vraie mesure ou pur fantasme ?

Il n’existe, à ce jour, aucun texte, aucune règle, aucune ligne dans le Code de la route qui impose d’afficher un macaron S pour les seniors sur sa voiture. Ce fameux « S », on le voit parfois sur des pare-brise, mais il ne vaut rien sur le plan légal. Ce n’est ni une contrainte ni un passage obligé après 70 ans. Juste un choix. Personnel. Parfois suggéré par des proches inquiets, ou par une mairie bien intentionnée. Mais en aucun cas imposé.

Alors pourquoi ce sujet revient-il si souvent ? Pourquoi ce petit autocollant déchaîne-t-il autant de commentaires ? Parce qu’il touche un point sensible. L’âge, la conduite, l’autonomie. Trois choses qu’on n’aime pas trop mélanger. Et parce qu’il ressemble à un autre macaron qu’on connaît bien : le A des jeunes conducteurs. Lui, il est obligatoire, il encadre. Il informe les autres usagers qu’on débute, qu’on apprend encore. Le parallèle est tentant. Mais trompeur.

La confusion vient souvent de là. On suppose qu’un senior, comme un ado fraîchement diplômé, aurait besoin d’être identifié. Par prudence. Par sécurité. Ou pour prévenir un éventuel comportement hésitant. Pourtant, les statistiques racontent une autre histoire. Les seniors, malgré l’usure du temps, provoquent peu d’accidents. Moins que les jeunes. Ils roulent souvent moins vite, prennent moins de risques, sortent moins la nuit. Leur tort, parfois, c’est leur fragilité. En cas de choc, leur corps résiste moins. Ce n’est pas un problème de conduite. C’est un enjeu de santé.

La route, la rumeur et l’indignation tranquille

Tout a commencé par une info floue, partagée ici et là. Un article flou. Une citation mal reprise. Et très vite, l’idée d’un macaron S pour les seniors obligatoire a circulé comme une traînée de poudre. Les groupes Facebook se sont emballés. Des vidéos ont surgi avec des titres racoleurs. Certains médias ont joué le jeu du doute. Et voilà : une rumeur est devenue réalité aux yeux de beaucoup.

Pourtant, du côté des autorités, le message est limpide. Pas d’obligation, pas de réforme en cours. Rien n’est prévu. La Sécurité routière l’a rappelé à plusieurs reprises : le S, c’est libre. Personne ne vous le demande. Personne ne vous y oblige. Ceux qui l’utilisent le font parce qu’ils pensent que ça peut aider. Peut-être que ça apaise, peut-être que ça rassure. Ce n’est pas un stigmate. Ce n’est pas un permis en sursis.

Et pourtant, l’inquiétude est bien là. Car derrière ce petit autocollant se cache une vraie question : comment vieillit-on au volant ? À quel moment faut-il s’arrêter ? Qui décide ? L’État ? Le médecin ? La famille ? Les seniors eux-mêmes ? La société vieillit, c’est un fait. Et elle vieillit au volant. La génération qui a grandi avec les 2CV, les autoradios à cassette et les cartes Michelin veut continuer à conduire. Et elle en a le droit. À condition d’être en état.

Ce qu’il faudrait vraiment surveiller (et ce qu’on peut laisser tranquille)

Le débat sur le macaron S pour les seniors évite souvent les vrais sujets. Comme le suivi médical. Car c’est là que tout se joue. Ce ne sont pas les autocollants qui sauvent des vies, ce sont les diagnostics posés au bon moment. Les réflexes ralentissent, la vue baisse, l’attention fatigue plus vite. Rien de honteux. Juste des réalités qu’il faut accompagner. Et non pointer du doigt.

Des consultations médicales sont d’ailleurs recommandées après 70 ans. Elles ne sont pas obligatoires, mais elles permettent d’y voir clair. Certains médecins conseillent une pause, d’autres encouragent à continuer. Ce sont eux, pas les préjugés, qui devraient guider la décision. La route n’est pas un tribunal, et le vieillissement n’est pas une faute.

Le macaron S pour les seniors, utilisé de façon volontaire, peut avoir du sens. Comme un clin d’œil bienveillant aux autres usagers. Comme un petit signal d’attention. Mais il ne doit jamais devenir un prétexte à l’exclusion ou à la méfiance. La route appartient à tout le monde. Aux jeunes fous, aux prudents de toujours, aux anciens qui savent encore lire le paysage sans GPS.

On oublie trop vite que les accidents graves impliquant des seniors ont souvent lieu… près de chez eux. Sur des trajets courts. Des courses, un rendez-vous médical, un détour par la boulangerie. Ce ne sont pas les grands axes qui posent problème. C’est le quotidien. La familiarité. La petite routine. Là où l’on baisse sa garde. Il ne faut pas tomber dans le piège d’une mesure symbolique qui masquerait le vrai travail à faire. Ce qui compte, c’est l’accompagnement. L’écoute. L’adaptation.

Faites passer le mot : partagez cet article avec vos proches.